dimanche 3 octobre 2010

Les opérateurs marocains volent au secours de la station de Taghazout


Une convention vient d'être signée par l'état et un groupement d'investisseurs privés et institutionnels marocains. Colony capital, l'ancien aménageur, reste dans le tour de table mais ne garde que 25%.
L'investissement prévisionnel est de 6 milliards de DH et les travaux devraient durer 5 ans au maximum.
Hôtels et résidences mais aussi réserve naturelle, village de surf, golf et camping.

C’était sans doute la seule solution qui devrait rapidement permettre de sortir le projet de la station balnéaire de Taghazout de l’impasse dans laquelle il se trouve depuis mai 2009, la deuxième de son histoire mouvementée. Ironie du sort, alors qu’elle était la première à être concédée, un an même avant la naissance du Plan Azur, Taghazout sera la dernière à connaître une concrétisation. Après Dallah Al Baraka, début 2000, puis le groupement Colony capital/Satocan, en juillet 2006, ce sont des investisseurs marocains, institutionnels et privés qui piloteront cette fois-ci le projet. Le nouveau groupement est formé autour de la Caisse de dépôt et de gestion (CDG), chef de file, qui détient 35% dans le tour de table de la société de développement en cours de création, aux côtés du groupe Alliances développement immobilier (20%), Sud Partners, un consortium d’investisseurs conduits par Akwa Group, qui participe à hauteur de 15% dans le projet, et Colony Capital, l’investisseur initial qui garde 25%. Le reste, soit 5%, est détenu par la Société marocaine d’ingénierie touristique (Smit), filiale du ministère du tourisme. L’objectif est de permettre à l’Etat de s’impliquer et d’avoir un œil sur la réalisation du projet.
C’est donc mardi 14 septembre que le groupement a signé avec le gouvernement une convention d’aménagement qui constitue un nouveau départ pour cette station après que Colony Capital ait failli à ses engagements. Le fait de maintenir ce groupe dans le tour de table peut paraître surprenant, mais cette présence a sans doute été motivée par la volonté des autorités d’accélérer l’apurement de son dossier avant de trouver de nouveaux investisseurs. Et puis, il ne faut pas oublier que Colony demeure une référence au niveau international dans le domaine de l’hôtellerie avec ses enseignes et sa force de frappe. Colony Capital gère plus de 200 milliards de dollars d’actifs hôteliers et qui est actionnaire dans des groupes hôteliers internationaux de renommée tels le français Accor, le suisse Raffles ou encore la chaîne canadienne Fairmont & Resorts.

Des négociations qui auront duré trois mois seulement

Selon des sources proches du dossier, les négociations entre l’Etat et le nouveau groupement ont été assez rapides, puisqu’elles n’avaient commencé qu’en juin dernier.
Au final, un budget de 6 milliards de DH sera investi pour l’aménagement et la valorisation du site. Le lancement des travaux est prévu pour l’année prochaine et le délai de réalisation devrait se situer entre 4 et 5 ans, selon les mêmes sources, alors que les conventions précédentes portaient, elles, sur un horizon s’étalant sur 10 ans. Il faut savoir toutefois que le projet a été ramené à une taille «humaine».
L’aménagement de la station Taghazout a été profondément revu selon de nouveaux critères, et à la lumière de ce qui est en train d’être préparé pour la Vision 2020, en cours de finalisation. Le projet, dans sa nouvelle version, sera moins dense car construit autour de ce que les aménageurs appellent «un éco-resort touristique de faible densité», s’inspirant «des particularités environnementales, sociales et culturelles de la région» et visant «la croissance des communautés voisines». Cela signifie qu’il y aura moins de béton et plus de verdure, comme en témoigne la révision à la baisse de la capacité d’hébergement qui sera de 8 000 lits dont 5 800 lits hôteliers, au lieu des 21 000 lits dont 15 800 lits hôteliers programmés en 2006. Il y est prévu des infrastructures de loisirs écologiques dont une réserve naturelle d’arganiers, un village de surf et une médina composée d’espaces commerciaux et culturels, un golf de 18 trous (au lieu de deux) et un camping aux normes internationales.
De fait, la nouvelle station est déclinée dès aujourd’hui comme un projet structurant pour la région qui va renforcer le tourisme haut de gamme dans la capitale du Souss. Elle vient compléter un certain nombre de projets déjà réalisés qui visent à donner à la région d’Agadir un nouveau cachet et une nouvelle renommée. La région dispose à cet effet d’une infrastructure routière de niveau et, avec la mise en service récente de l’autoroute Marrakech-Agadir, elle n’est plus enclavée.

Par Mohamed Moujahid.
La vie éco